Pendant la crise sanitaire, maintenir son suivi médical et continuer de prendre ses médicaments est essentiel pour tous, personnes fragiles ou non, jeunes ou moins jeunes. Les soins, les vaccinations, les examens, les consultations ne doivent pas être reportés.
Selon les dernières conclusions de l’étude pharmaco-épidémiologique du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare*, sur une période de plus d’un an depuis le début du premier confinement :
- On observe une augmentation des délivrances de médicaments antidépresseurs, antipsychotiques, anxiolytiques et hypnotiques ;
- Après une forte baisse, en 2020, on constate un rattrapage et même une augmentation, en 2021, du nombre de patients traités pour du diabète, de l’hypertension et du cholestérol ;
- La chute durant le début de la pandémie, parfois de plus de 80 %, des actes de diagnostic et de suivi de certains cancers ou maladies graves, démontre des retards conséquents de prise en charge ;
- La vaccination des enfants et adolescents a enregistré un fort déficit, qui s’est même accentué durant les 4 premiers mois de l’année 2021.
* GIS Epi-Phare : groupement d’intérêt scientifique constitué par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale de l'Assurance Maladie (Cnam). Il publie les résultats d’études portant sur la dispensation de médicaments remboursés sur ordonnance en pharmacie d’officine depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en France. La sixième étude couvrant la période du 16 mars 2020 au 25 avril 2021.
- Continuer les soins
Les professionnels de santé continuent d’assurer les soins sur place, en téléconsultation ou à domicile dans le respect des règles sanitaires. N’hésitez à les contacter pour connaître leurs modalités de consultation.
Toute personne peut bénéficier d’une consultation ou de soins à distance par certains professionnels de santé : médecin, infirmier, sage-femme, orthophoniste, orthoptiste, masseur-kinésithérapeute , pédicure-podologue. La téléconsultation est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie, sans frais, et ce jusqu'à la fin de l'état d'urgence.
Il est également indispensable de mettre ses vaccins à jour pour être protégé efficacement et durablement.
En effet, de nombreux vaccins nécessitent des rappels réguliers pour être efficaces :
- Ceux contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (dTP) : un rappel dTP pour les adultes est nécessaire tous les 20 ans (à 25 ans, 45 ans, 65 ans), puis tous les 10 ans à partir de 65 ans,
- Le rappel contre la coqueluche à 25 ans ;
- La grippe, tous les ans à partir de 65 ans ou pour les personnes fragiles considérées à risque de complications.=> Pour en savoir plus sur le suivi médical des vaccinations, consultez notre article.
- Personnes atteintes de maladies chroniques et personnes âgées
Le dernier rapport de l’étude Epi-Phare* met en évidence, au cours des 4 premiers mois de l’année 2021, une hausse marquée, bien supérieure aux prévisions, des instaurations de traitement pour des maladies chroniques cardiovasculaires, c’est-à-dire les prescriptions chez de nouveaux malades :
- Hypertension : + 14,7 %
- Diabète : antidiabétiques +11 %
- Cholestérol : statines + 24 % - Poursuivre votre traitement sans le modifier ainsi que vos soins habituels ;
- Ne pas reporter les examens médicaux prescrits ;
- Être attentif à ce que vous ressentez. Si des symptômes inhabituels apparaissent :
o Ne pas prendre de nouveaux médicaments ;
o Appelez sans tarder votre médecin ;
o En cas de difficultés respiratoires, ou de signe d’étouffement, appelez le 15. Les personnes sourdes ou malentendantes doivent laisser un message au 114 ; - Garder des liens (téléphone, réseaux sociaux…) avec vos proches, et si vous avez besoin d’être soutenu, contactez votre médecin ou les associations de patients ;
- Respecter les consignes sanitaires tout en maintenant une activité physique régulière chez soi ainsi qu’une bonne alimentation…
- Continuer les dépistages des cancers
Les dépistages comme celui du cancer colorectal, du cancer du sein ou encore du col de l'utérus, pour lesquels les examens (test de dépistage immunologique, mammographie et examen clinique ou prélèvement cervico-utérin) sont réalisés dans le respect des règles sanitaires. Se faire dépister n’empêche pas d’avoir un cancer mais permet de le détecter plus tôt, avant l’apparition de symptômes. Cette détection précoce permet de soigner plus facilement le cancer et d’augmenter ses chances de guérison, mais aussi de limiter les séquelles liées à certains traitements.
L’envoi des invitations pour ces dépistages est adapté en fonction du contexte sanitaire régional et de la disponibilité des professionnels et établissements de santé de la région.
Si vous êtes déjà en possession d’une invitation, vous pouvez réaliser votre test de dépistage.
Chaque établissement ou professionnel de santé vous précisera, lors de votre appel pour une prise de rendez-vous, s'il est en mesure de vous accueillir.L’objectif des professionnels de santé est de ne pas faire perdre de chance au patient du fait d’une éventuelle maladie, tout en limitant son risque d’infection par la COVID-19.
En effet, l’Institut nationale du Cancer (Inca) a constaté sur la période de mars à août 2020 (incluant la première période de confinement) un recul de 17% de l'activité de chirurgie d’exérèse* des cancers par rapport à la même période en 2019. Cet écart intègre diverses situations, du patient dont le diagnostic était déjà établi mais pour une adaptation du traitement initial a été proposé, à ceux dont les cancers n’ont pas été diagnostiqués.
Les sociétés savantes de professionnels de santé ont ainsi élaboré des consignes nationales de traitements, par cancer, adaptées au contexte d’épidémie de COVID-19. Elles ont identifié les situations cliniques pour lesquelles un report ou une adaptation de traitement sont possibles sans diminuer leur efficacité, et celles pour lesquelles le plan initial de traitement doit être maintenu.
* L’exérèse est une opération qui consiste à enlever une anomalie, une tumeur, une partie d'organe ou un organe entier.
- Prendre soin de sa santé pensant sa grossesse
Pour s'assurer du bon déroulement de la grossesse et prévenir les risques liés à celle-ci, un suivi médical est indispensable. Les femmes enceintes, quel que soit le trimestre de leur grossesse, doivent respecter le planning des rendez-vous médicaux (notamment les 3 échographies requises).
Le suivi médical comprend :
- 7 examens prénataux ;
- des analyses biologiques ;
- 3 échographies ;
- 1 entretien prénatal précoce ;
- 1 bilan de prévention ;
- 7 séances de préparation à la naissance et à la parentalité pour préparer votre accouchement et l’accueil de votre enfant.Il est également possible de bénéficier d’une consultation ou de soins à distance par certains professionnels de santé : médecin, infirmier, sage-femme,…
La téléconsultation est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie et sans avance de frais.Dans le cadre de l’accompagnement Maternité de l’Assurance maladie, vous recevrez, avant votre 4ème mois de grossesse, un bon de prise en charge pour bénéficier d’un rendez-vous gratuit chez le chirurgien-dentiste de votre choix. Le bon de prise en charge peut également être téléchargé et imprimé depuis votre Espace personnel (Attestations & Démarches > Mes bons de prise en charge).
=> Pour en savoir plus sur le suivi de la maternité, consultez notre rubrique.
- Suivi médical des nourrissons, enfants et adolescents
Le suivi médical des nourrissons, des enfants et des adolescents doit être maintenu : examens de santé et vaccinations obligatoires, examens de prévention bucco-dentaire.
Tous les enfants bénéficient systématiquement de 20 examens de santé jusqu’à leurs 16 ans, dont 3 examens proposés entre 8 et 9 ans, entre 11 et 13 ans et entre 15 et 16 ans.=>Pour en savoir plus sur le suivi médical des enfants, consultez notre article.
L’Assurance maladie propose également les rendez-vous M’T dents aux enfants et adolescents dès 3 ans et jusqu’à 24 ans. Ils peuvent, tous les trois ans, bénéficier d'un examen bucco-dentaire et de soins remboursés à 100 %, sans avance de frais réalisés dans un cabinet de ville ou dans un cadre hospitalier. Un mois avant sa date d’anniversaire, vous recevrez une invitation M’T dents, accompagnée d’un bon de prise en charge, pour bénéficier d’un rendez-vous gratuit chez le chirurgien-dentiste de votre choix. Le bon de prise en charge peut également être téléchargé et imprimé depuis votre Espace personnel (Attestations & Démarches > Mes bons de prise en charge).
=> Pour en savoir plus sur le dispositif M’T dents, consultez notre article.
L’état de santé mentale et psychologique des Français se dégrade avec des signaux particulièrement préoccupant chez les enfants et les jeunes.
Plusieurs dispositifs de prise en charge de soutien psychologique ont été mis en place jusqu’au 31 décembre 2021 :• Dispositif « Santé Psy Etudiants » s'adressant à tous les étudiants du supérieur : consultez notre article
• Dispositif « PsyEnfantsAdos » s’adressant aux enfants et adolescents de 3 à 17 ans en souffrance psychique d’intensité légère à modérée : consultez notre article
- Interruption volontaire de grossesse (IVG)
Le délai pour procéder à une IVG médicamenteuse hors milieu hospitalier est assoupli, passant de 7 à 9 semaines d'aménorrhée (7e semaine de grossesse).
Si la femme le souhaite et si le praticien (médecin ou sage-femme) l’estime possible, les consultations nécessaires aux IVG médicamenteuses peuvent être réalisées sous forme de téléconsultations prises en charge à 100 % par l’Assurance Maladie.
Le parcours médical s’organise comme suit :
- une téléconsultation d’information et de remise des ordonnances ;
- une consultation de prise du médicament qui arrête la grossesse (antiprogestérone) :
o en cas de téléconsultation, la femme peut aller chercher le médicament en officine, en lien avec le médecin ou la sage-femme qui la suit ;
o le deuxième médicament (prostaglandine) doit être pris 36 h à 48 h après le premier. - une téléconsultation de contrôle dans les 14 à 21 jours qui suivent.
Il est indispensable de rester très attentif à votre santé en lien avec votre médecin, les autres soignants et votre entourage.
Voici quelques bons réflexes à adopter :
Les infirmiers ont toujours la possibilité d’accompagner les patients lors de téléconsultations organisées à la demande des médecins.
Les pharmaciens d'officine peuvent réaliser à distance (vidéotransmission), leurs actions de conseils et d'accompagnement des patients sous traitement anticoagulant oral par anticoagulants oraux directs ou par antivitamines K et des patients sous antiasthmatiques par corticoïdes inhalés ainsi que les bilans partagés de médication à destination des patients âgés polymédiqués (ordonnance comprenant 5 médicaments ou plus).
L’activité physique adaptée (APA) prescrite contribue au maintien de l’état de santé général. Il est important de ne pas interrompre la pratique régulière d’APA en veillant à l’adapter à la situation et à respecter les consignes en vigueur concernant les déplacements à l’extérieur du domicile. La pratique d’une activité physique à domicile, lorsqu’elle est possible, ne fait l’objet d’aucune restriction liée au contexte actuel. Elle est vivement conseillée.
Par ailleurs, la Haute autorité de Santé (HAS) met à disposition des professionnels de santé des recommandations élaborées en partenariat avec les organisations professionnelles, les sociétés savantes et les associations d'usagers afin de garantir la continuité de la prise en charge des maladies chroniques dans le cadre de la crise sanitaire.
Sources :
- Ameli.fr : https://www.ameli.fr/paris/assure/covid-19/prendre-soin-de-sa-sante-pendant-la-crise-sanitaire
https://assurance-maladie.ameli.fr/etudes-et-donnees/risque-hospitalisation-deces-covid-19 - HAS : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3178526/fr/maladies-chroniques-dans-le-cadre-de-la-covid-19
- INCa : https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Coronavirus-COVID-19/Les-reponses-a-vos-questions