Dans un rapport publié en janvier 2019, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) alertait sur la présence de substances hautement toxiques dans les couches jetables pour bébés. La même agence avait mis en évidence, en 2018, la présence de substances similaires dans les protections périodiques.
Des matériaux dont la composition demeure opaque
Dans le cadre de ce rapport, les fabricants et fédérations professionnelles ont fourni les données concernant la nature des matériaux utilisés. Bien qu’il n’existe pas de loi régulant la composition des couches pour bébés ni en France ni dans l’Union Européenne, elles sont soumises à l’obligation générale de sécurité définie par la législation communautaire relative aux produits de consommation. D’autres réglementations s’appliquent également aux couches, comme celle sur les dispositifs médicaux, et formulent des obligations en termes de sécurité et d’affichage de composition.
Selon ce même rapport, environ 60 produits chimiques seraient présents dans les couches pour bébés, peuvent migrer dans l’urine et par conséquent être en contact prolongé avec la peau. Parmi les substances détectées se trouvent divers pesticides comme le glyphosate, considéré comme un cancérogène probable, des dioxines, des furanes ou encore des hydrocarbures (perturbateurs endocriniens). Ces composés chimiques sont, pour la plupart, classés comme perturbateurs endocriniens.
Le rapport sur la sécurité des protections hygiéniques, dévoile quant à lui la présence dans les tampons et serviettes périodiques la présence de perturbateurs endocriniens et de pesticides, dont le glyphosate, le lindane et le quintozène (ces deux derniers étant interdits en Europe depuis 2000).
Aucune réglementation spécifique n’a été érigée concernant les protections hygiéniques. N’étant considérées ni comme des dispositifs médicaux ni comme des cosmétiques, leurs conditions de fabrication peuvent légalement rester floues. C’est pourquoi depuis 2016, de nombreuses associations de consommateurs réclament que soit affichée leur composition sur les emballages, afin d’assurer transparence et sécurité pour la santé intime des femmes.
Les recommandations de l’ANSES
Concernant les couches pour bébés, l’Agence émet quatre recommandations principales :
- Supprimer l’utilisation de toutes substances parfumantes, en priorité celles susceptibles de présenter des effets sensibilisants cutanés
- Mieux maîtriser l’origine des matières premières naturelles, lesquelles peuvent être contaminées avant même la fabrication des couches ; et
- Améliorer les procédés de fabrication des couches afin de réduire autant que possible la présence de substances chimiques dans les matériaux constituant les couches pour bébés à usage unique
- Fixer une concentration maximale pour chacun des congénères des dioxines et furanes chlorées et PCB-DL à ne pas dépasser en attendant une évolution de la réglementation
En ce qui concerne les protections hygiéniques, l’ANSES recommande :
- D’améliorer la qualité des matières premières pour les
- Améliorer les procédés de fabrication des couches afin de réduire autant que possible la présence de ces substances chimique, en particulier celles présentant des effets « cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques » (= agents chimiques CMR perturbateurs endocriniens ou sensibilisants cutanés
Lexique
Mutagène : Capable de provoquer des mutations de l’ADN
Reprotoxique : Un produit classé reprotoxique affecte les capacités reproductrices, en réduisant la fertilité ou en entraînant la stérilité
SOURCES
Sécurité des couches pour bébé Avis révisé de l’Anses Rapport d’expertise collective : https://bit.ly/2O9N6jm
Evaluation de la sécurité des produits de protections intimes : https://bit.ly/2KLU63N
Sécurité des produits de protection intime : https://bit.ly/2DdLGhf
Substances chimiques dans les couches pour bébés : le Gouvernement demande aux professionnels de prendre dans les meilleurs délais les mesures garantissant la sécurité des produits sur le marché : https://bit.ly/2QIlBz9