Largement plébiscitée désormais par les neurosciences, la pratique et/ou l’écoute de la musique présente d’innombrables bénéfices en matière de thérapie et de développement.
L’écoute de la musique en vue de soulager les souffrances est de plus en plus utilisée dans les unités hospitalières, les EHPAD, les maternités, les hôpitaux et centres psychiatriques. On y recourt à la fois pour adoucir les troubles mentaux et comportementaux, les pathologies physiques, mais aussi résoudre certaines difficultés d’apprentissage.
Ainsi, elle est particulièrement indiquée en cas de troubles de l’humeur d’origine dépressive, mais aussi pour réduire le stress et l’anxiété dans les soins palliatifs, avant une opération chirurgicale, et comme antalgique dans certaines pathologies douloureuses dont les troubles musculosquelettiques. De plus en plus, on préfère remplacer quand c’est possible une anesthésie générale par une anesthésie locale encadrée par la diffusion d’une musique adaptée.
Chez les personnes âgées souffrant de troubles de la mémoire, on l’utilise comme la madeleine de Proust afin de provoquer la remontée à la conscience de souvenirs enfouis… Le monde entier se souvient de cette vidéo bouleversante postée par un aide-soignant espagnol travaillant dans un EPAHD auprès d’une ancienne danseuse étoile désagrégée par la maladie d’Alzheimer. A l’écoute du Lac des Cygnes, elle reprenait vie peu à peu, et ses bras étaient en mesure de reproduire les mouvements qu’elle avait tant et tant dansés.
La musique stimule l’ouïe, notre sens le plus subtil et le plus ancien. En musicothérapie, telle l’hypnose, elle est sensée guider l’inconscient du patient afin de l’aider à trouver les solutions à ses problèmes.
Tout comme le langage, la musique se déroule à travers des phrases construites (le phrasé). Elles ont généralement un début, un développement et une fin. Faire de la musique nécessite de mobiliser des compétences communicatives telles que pendre en compte la production d’un partenaire, s’ajuster à lui, lui répondre tout en restant connecté à soi. Par ailleurs, la musique possède un levier puissant : son pouvoir motivationnel. Elle génère une envie de partager, allège l’ennui dans la répétition et participe à maintenir l’attention sur une suite de stimuli. Le rythme offre un cadre temporel structurant et sécurisant.
Il est maintenant reconnu que la pratique régulière de la musique et du rythme améliore les compétences en lecture et en langage oral.
Dans la thérapie de la dyslexie par exemple, la musique contribue au développement cognitif de l’enfant. Jouer ou écouter de la musique stimule la perception auditive, voire spatiale mais également des aspects moteurs. Le travail précoce de la musique éveille la conscience phonologique, et diverses compétences cérébrales nécessaires à la manipulation des rimes, des syllabes et des phonèmes, ce qui est capital pour l’acquisition de la lecture et fait défaut aux dyslexiques. Par exemple, le travail du rythme contribue spécifiquement au développement des habiletés de compréhension et de fluidité en lecture. La pratique de la musique permet également d’engager les élèves dans une démarche active d’apprentissage.
Plaidant en faveur des vertus thérapeutiques du rythme, un autre exemple est particulièrement fascinant, c’est celui de la tangothérapie mise en place à Montpellier depuis 2016 par France Parkinson. Par sa structure, le tango reproduit les déplacements au quotidien. Les bases reposent sur la marche et le transfert de poids du corps. Bouger sur des rythmes de tango aide à ralentir la perte de l’équilibre et de la marche provoquées par la maladie de Parkinson.
Chacun de nous porte une musique intérieure liée à sa propre histoire. Celle-ci est imprégnée de sons, de bruits, de musiques spécifiques qui nous entourent. La musicothérapie constitue en quelque sorte une ouverture musicale et humaine qui aide à (re)trouver l’harmonie nécessaire au bien-être.
Qu’on l’écoute ou qu’on la pratique, la musique, utilisée à des fins thérapeutiques aide à poursuivre son chemin de manière apaisée, avec au fond de soi, un air composé des sons qui nous sont propres.
Rédigé par Corinne Loie, orthophoniste et chargée de prévention MGEN
Pour en savoir plus sur la musicothérapie, inscrivez-vous au webinaire proposé par Vivoptim le 14 avril. Stéphane Guétin, musicothérapeute titulaire d’un doctorat en psychologie à l’Université Paris René Descartes et fondateur de la société de Recherche et de Développement MUSIC CARE vous présentera les principaux modes d’actions de la musicothérapie, les techniques utilisées, et ses principales indications en pratiques cliniques.