Le respect d’une durée et d’une qualité de sommeil suffisantes doivent faire partie de nos objectifs quotidiens pour conserver une bonne santé et cela au même titre qu’une nutrition équilibrée et une activité physique régulière. Dans les populations occidentales, du fait des contraintes sociales, et de l’usage inapproprié des écrans la durée quotidienne de sommeil s’est réduite en moyenne de plus d’une heure. Cela conduit chez de nombreux individus à une privation chronique de sommeil qui n’est que partiellement corrigée durant les week-ends.
Cette privation chronique de sommeil est d’autant plus marquée chez les sujets qui présentent un « chronotype du soir » c’est-à-dire qui ont une tendance à se coucher le plus tardivement. Ces individus, malgré un coucher tardif, sont obligés de se lever tôt le matin pour aller travailler avec parfois des durées de transport en commun très prolongées. Ce phénomène est communément appelé le « Jetlag social ».
La privation chronique du sommeil est un facteur d’obésité y compris chez les enfants et les adolescents, d’augmentation du risque de maladies cardio-vasculaires et du risque de diabète. En effet, une durée de sommeil insuffisante ne permet pas un ralentissement de la fréquence cardiaque la nuit, de baisse de la pression artérielle et altère la sécrétion normale des hormones de la satiété contrôlant la prise alimentaire. Ainsi, en situation de privation de sommeil, nous sommes fatigués, réduisons notre activité physique et sommes plus attirés par les aliments gras et sucrés. Au total, la privation chronique de sommeil est devenue un problème banal dans nos sociétés et, comme l’insomnie qui représente 20% de la population générale, est associée à des complications cardio-vasculaires et métaboliques conduisant à une mortalité précoce.
L’autre pathologie du sommeil extrêmement fréquente en population générale est le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) qui correspond à des arrêts respiratoires nocturnes. Le SAS est lui aussi compliqué d’une altération de la qualité de vie avec une somnolence invalidante dans la journée, une fatigue, une irritabilité et un risque élevé de dépression et une perte du lien social qui impacte grandement la qualité de vie des patients. Le traitement essentiel est la pression positive continue qui concerne aujourd’hui plus de 1.2 millions de personnes en France et est spectaculairement efficace sur les symptômes et la restauration des capacités diurnes. Il est également important de traiter les patients SAS du fait du risque cardio métabolique associé au SAS.
On peut conclure en disant que les règles d’hygiène de sommeil sont au cœur de la stratégie de prévention en santé et qu’il est impératif de reconnaitre et de traiter les pathologies du sommeil en particulier les plus fréquentes.
Article rédigé par Jean-Louis Pépin, Professeur de Physiologie à l’Université Joseph Fourier (Grenoble-Alpes) et au CHU de Grenoble.